TOGO: LE REGNE DE L'IMPUNITE DES FORCES DE SECURITE

Le sentiment que l'on peut ressentir lorsque l'on est témoin de maltraitance ou de violence de la part d'un soldat ou d'un policier à l'encontre d'un civil est souvent un mélange de colère, de frustration, d'injustice et de peur.

En effet, les forces de l'ordre ont pour mission première de protéger les citoyens et de faire respecter la loi, mais lorsqu'elles sont elles-mêmes les auteurs de violences ou d'abus de pouvoir, cela peut causer un profond sentiment d'impuissance et de méfiance envers les institutions chargées de la sécurité publique. Les Togolais ont été victimes de violence physique de la part des policiers et militaires, collectivement ou individuellement, depuis plus de 50 ans, souvent pour des raisons inconnues. Cette situation cause une perte de confiance des citoyens envers les institutions de sécurité, ce qui mene à des tensions sociales et à une détérioration de la cohésion sociale.

En 2005, selon des rapports d'organisations de défense des droits de l'homme et de L'ONU, les forces de sécurité togolaises ont fait un usage excessif de la force pour disperser les manifestations pacifiques, et auraient notamment fait usage de balles réelles pour réprimer les protestataires. Les forces de sécurité ont également fait irruption dans des quartiers et tués des jeunes jusque dans leur chambre.

En 2017, on a assisté aux mêmes comportements des forces de sécurité envers les populations, qui ont été victimes de meurtres. Les citoyens se demandent si ces forces sont effectivement là pour protéger la population ou pour la décimer.

Après la crise de 2005 et 2017, le gouvernement a gardé un silence total et n'a pas puni les responsables de ces actes. Les forces de sécurité ont ainsi le sentiment qu'elles peuvent agir en toute impunité, c'est-à-dire qu'elles ne seront pas tenues responsables de leurs actes. Les forces de sécurité togolaises manquent d'une formation adéquate sur les droits de l'homme, l'éthique professionnelle, la gestion des foules et la résolution pacifique des conflits. De plus, les soldats sont sous la pression politique de satisfaire les demandes des autorités véreuses afin d'obtenir des promotions et des grades, ce qui encourage les comportements abusifs envers les citoyens. Étant donné que la plupart des soldats viennent de la région du chef de l'État, certains soldats peuvent avoir des préjugés contre la majorité ethnique et pauvre des autres religions qui réclament le départ du chef de l'État. Par peur de perdre les avantages qu'ils ont avec le gouvernement, ces soldats font tout pour maintenir la population togolaise dans la peur

En fin de compte, mettre fin aux abus des forces de sécurité au Togo est difficile en raison de l'hostilité des autorités envers les organisations de défense des droits de l'homme et les médias qui tentent d'en parler. Ces organisations se voient souvent retirer leur agrément et sont qualifiées d'indésirables. Les citoyens qui s'engagent et se mobilisent pour faire pression sur les autorités pour qu'elles prennent des mesures pour prévenir les abus peuvent être chassés du pays ou emprisonnés pour trouble à l'ordre public. En outre, les enquêtes sur les cas d'abus et les poursuites en justice des auteurs d'abus sont souvent restées sans suite en raison de l'absence de volonté politique de la part des autorités.